Greta et la canicule
Une opinion de Pierre Ozer, chargé de recherche, climatologue et coordinateur du master de spécialisation en gestion des risques et des catastrophes de l'ULiège.
Le nouveau feuilleton de l’été en Belgique s’est calqué sur un phénomène mondial. On y parle d’alerte rouge aux fortes chaleurs - niveau le plus haut jamais atteint pour l’alerte à la canicule, de risque élevé d’incendie de forêt en raison de l’extrême sécheresse, de fermeture des administrations communales à 13 h, de mesures de restriction d’eau dans de très nombreuses communes, d’agriculteurs inquiets suite aux déficits pluviométriques, de la fermeture des cours d’eau wallons à la navigation en kayak, etc. Et à en croire les prévisions météorologiques à 14 jours, ceux pour qui la pluie constitue une condition nécessaire à leur activité, voire à leur survie économique, ne sont pas au bout de leur peine.
Au même moment, en France, et comme si de rien n’était, les partis de droite disent ne pas vouloir de Greta Thunberg, cette jeune militante suédoise qui a initié les grèves scolaires pour le climat, à l’Assemblée nationale. Ils déclarent depuis quelques jours (morceaux choisis) : "Si je dis que je ne veux pas aller me prosterner devant Greta Thunberg, cette enfant de 16 ans invitée à l’Assemblée devant la représentation nationale, je sors (encore ?) du politiquement correct ?", pour Sébastien Chenu (Rassemblement national).
"Je respecte la liberté de penser… mais ne comptez pas sur moi pour applaudir une prophétesse en culottes courtes" ou encore "Malheur au pays dont le roi est un enfant !", selon Julien Aubert (Les Républicains).
Si ces élus ne semblent pas souvent regarder par la fenêtre, ils ont en revanche dû lire attentivement l’"enquête" du magazine conservateur Valeurs actuelles qui, le 28 juin dernier, consacrait sa couverture aux "charlatans de l’écologie". Mickaël Fonton, son rédacteur en chef, y signait un article intitulé - sous une photographie de Greta Thunberg : "Climat : ces prophètes de malheur qui nous promettent la fin du monde".
Le même jour, à Vérargues, dans l’Hérault, le record absolu de température en France s’établissait à 46 °C, pulvérisant le précédent record de 44,1 °C enregistré dans le Gard durant la dramatique et meurtrière canicule d’août 2003.
Et puis, un peu d'humour !