LA MAÎTRISE DE L’EAU, UNE CLÉ DE LA GUERRE MENÉE PAR L’ETAT ISLAMIQUE
Depuis le printemps 2014, le contrôle de l’eau est devenu l’une des problématiques majeures de la lutte opposant l’Etat islamique (EI) aux Etats du Moyen-Orient et à la coalition internationale menée par les Etats-Unis. En raison de la raréfaction de cette ressource, la maîtrise des quelques grands barrages du Tigre et de l’Euphrate constitue un puissant levier pour asseoir sa domination sur les territoires irakien et syrien, tant pour l’EI que pour les Etats. Au cœur de cette lutte se lisent les implications de long terme du réchauffement climatique dans la géopolitique du Moyen-Orient.
Les bassins du Tigre et de l’Euphrate, lieux décisifs de la lutte contre l’EI
Lorsque l’on observe la géographie du conflit opposant l’Etat Islamique à la coalition internationale menée par les Etats-Unis, trois critères permettant d’expliquer la localisation des batailles se dégagent. Il y a, bien sûr, l’importance administrative et régionale des villes, qui explique pour partie que Mossoul (deuxième ville d’Irak), Erbil (capitale du Kurdistan iranien), ou Kirkouk (capitale de la province du même nom) soient âprement disputés par les belligérants. La présence de ressources pétrolifères est également capitale aux yeux de l’EI, dans la mesure où elle permet le financement des activités du groupe : la maîtrise de l’axe Mossoul/Bagdad par les djihadistes est ici essentielle.
Un troisième facteur entre néanmoins en jeu : il s’agit de la maîtrise des ressources en eau, et donc des barrages situés sur les deux grands fleuves régionaux que sont le Tigre et l’Euphrate.