En 2018, la Belgique a connu l’été le plus chaud de son histoire et l’émergence d’une mobilisation citoyenne historique pour le climat. La pandémie a eu raison de cet élan démocratique.
En 2023, qu’est-ce qui a changé ? Rien, ou presque. La situation n’a fait qu’empirer, faute de mobilisation citoyenne et faute d’action politique. Une pandémie, des inondations historiques, une guerre sur le sol européen, une crise énergétique mondiale et la montée de tous les fascismes, toutes ces causes et ces conséquences sont aggravées par l’écocide planétaire, lui-même dû à l’absence de transition écologique juste. Les inégalités augmentent, la démocratie est en péril, nous détruisons l’habitabilité de notre planète. Nous ne faisons pas ce qui doit être fait pour éviter le pire, et nous ne sommes pas prêts à affronter ce que nous ne pouvons déjà plus éviter.
Les touristes aisés, qui prennent l’avion par millions vers la Méditerranée, sont punis de leurs émissions de CO2, par une forme étrange de revanche climatique. Mais tandis que certains voient leurs vacances gâchées, d’autres meurent. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous retrouver dans des conversations quotidiennes où personne n’ose évoquer les catastrophes, prononcer le mot « climat », ou faire le lien avec notre usage massif de combustibles fossiles, notre alimentation industrielle, notre mobilité perpétuelle, nos logements mal isolés, notre surconsommation. Une impression de folie s’empare de nous. Jamais les écologistes et activistes n’ont subi de telles mesures de rétorsion, y compris dans les démocraties. Le déni se transforme en haine ou en cynisme.
Combien de journalistes qui réalisent des reportages sur les catastrophes climatiques parlent « d’événements météorologiques extrêmes » mais n’évoquent pas systématiquement le réchauffement climatique ni sa cause humaine ni le lien fondamental avec l’usage massif du pétrole, du gaz et du charbon et la déforestation dans nos économies, ni la responsabilité écrasante des industries pétrochimique, automobile, agroalimentaire, de la construction, de la distribution, de la publicité, du digital, du tourisme de masse ? Combien relient cet usage fossile à notre système économique capitaliste, croissantiste, néolibéral et la surconsommation de masse dans nos pays riches ? Le focus sur « les émissions » nous empêche d’avoir une lecture politique du réel. On ne peut pas stopper une hémorragie en regardant le sang couler, il faut opérer les organes.
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