Wallonie : le règne de la maison quatre façades s’essouffle
Comment habitera-t-on la Wallonie dans les prochaines années ? Si, pendant plusieurs décennies, la villa quatre façades a constitué un modèle à suivre, ses impacts sur l’environnement obligent les Wallons à repenser leur manière d’occuper leur territoire. En vingt ans, la construction de nouvelles quatre façades a été divisée par deux.
« Dans les années 1970, la croissance des ménages avec enfants a entraîné des besoins en logements de grande taille. La mobilité en voiture a permis aux ménages de quitter les villes pour aller habiter dans les périphéries et dans un cadre plus vert. »De fait, depuis 1985, les terres artificialisées ont connu une croissance d’au moins 588 km² en Wallonie, soit une artificialisation moyenne de 15,5 km² par an, principalement au détriment des terres agricoles. « L’empreinte écologique de ce mode de vie, qui consomme beaucoup de ressources finies, n’est pas soutenable », tranche le géographe de l’Iweps. « La consommation de territoires qu’on enlève à l’agricole, au forestier ou à la nature provoque des pertes de services écosystémiques des sols, de biodiversité, de capacité hydriques des sols (la capacité des sols d’absorber les pluies et d’éviter les inondations, NDLR). Il y a, aujourd’hui, un réel besoin de protéger les sols. »Mais au-delà de l’investissement individuel, le modèle est aussi dispendieux pour les pouvoirs publics. L’augmentation des coûts a amené les acquéreurs à aller de plus en plus loin des villes pour construire. « Ces maisons sont largement consommatrices d’espaces pour la construction mais également avec le besoin de nouvelles voiries, de services », poursuit l’urbaniste de l’UCLouvain. « Ça coûte cher à la collectivité car comme les maisons sont espacées, ça demande davantage de financements. L’héritage de ces constructions de lotissements, ce sont des coûts d’entretien importants, voire de nouveaux investissements pour, par exemple, la collecte et le traitement des eaux usées, le déploiement de la fibre, la construction d’infrastructures cyclables ou des transports en commun dans des zones peu denses. »Quel avenir, alors, pour les maisons quatre façades ? « Ce qui pose problème, ce n’est pas la quatre façades en elle-même, c’est la répétition du modèle », tempère Julien Charlier qui recentre le débat dans une perspective politique (voir ci-dessous). « Il y a une volonté de reconcentrer l’habitat dans les centralités. Ce qui est important, c’est l’organisation : la taille des parcelles, la distance de ces lotissements par rapport aux pôles d’emploi et de services. » De quoi faire craindre à certains une disparition de la ruralité au bénéfice des centres urbains. « Le but est de restructurer les habitats sur des centralités également en milieu rural », conteste le géographe de l’Iweps. « C’est aussi une occasion de redynamiser certaines centralités rurales dans lesquelles on constate une perte de services. »
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