21 août 2025

01 août 2025

Et si on arrêtait le tourisme ?

Le tourisme épuise le monde, on le sait. Sa critique radicale reste compliquée, tant il imprègne nos imaginaires depuis 1936. Aujourd’hui, certains s’en détournent et réinterrogent la notion de temps libre.




L’été, les congés payés, le départ en avion ou en voiture, les journées qui s’étirent les doigts de pied enfouis dans le sable chaud d’une plage indonésienne ou aquitaine ou engoncés dans des chaussures de randonnée pour un trek dans les grands parcs américains… Vision de rêve ou fantasme éculé et désormais repoussoir ? Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent de plus en plus nombreuses contre les dégâts environnementaux et sociaux du tourisme de masse. Reste à savoir si l’image d’Épinal du départ en vacances, pour une destination lointaine de préférence, peut évoluer.

Mais avoir du temps libre ne suffit pas pour déclencher des envies de départ. Cette aspiration a été favorisée par plusieurs facteurs, dont l’effet d’imitation des classes sociales supérieures mis en évidence par l’économiste et sociologue américain Thorstein Veblen. Le sociologue Pierre Périer, qui s’est intéressé aux vacances des classes populaires, en évoque un autre : « L’État et les organisations syndicales ont eu le souci d’encadrer ce temps pour que les ouvriers ne cèdent pas à l’oisiveté et au vice. Des organisations ont été mises en place, telles que les patronages, avec des séjours visant à favoriser l’intégration et la socialisation des familles. » En parallèle, les Trente Glorieuses (1945-1975) ont été marquées par l’élévation du niveau de vie, qui a favorisé les départs y compris pour les plus modestes, et la montée en puissance de l’industrie touristique avec le soutien de l’État – création du Club Méditerranée en 1950, mission Racine d’aménagement du littoral languedocien de 1963 à 1983, plans neige de 1964 à 1977, etc. Et tant pis si chaque année près de la moitié des Français ne partent pas en vacances, dont les deux tiers pour des raisons économiques : « Tout cela a imposé le départ comme une norme sociale très puissante », observe le chercheur.

Sauf que ce modèle du tourisme de masse craque de partout. En 2019, 1,5 milliard de touristes ont parcouru le monde, contre 25 millions en 1950. Le bilan écologique de cet essor est catastrophique. Le tourisme représentait 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2013 – quatre fois plus que les estimations précédentes. En 2018, plus de la moitié des touristes internationaux qui ont franchi une frontière l’ont fait en avion. Le tourisme favorise aussi l’artificialisation des sols, la spéculation immobilière, la gentrification, la surconsommation d’eau et la pollution. Ceci, partout dans le monde, de l’île de Bocaray aux Philippines fermée six mois en 2018 pour venir à bout des conséquences désastreuses de la surfréquentation touristique, aux littoraux français envahis de résidences secondaires et aux dunes dévastées par les touristes. 52 % des détritus polluants la Méditerranée proviendraient du tourisme balnéaire des seuls États membres de l’Union européenne. Les montagnes n’échappent pas au carnage, couvertes de remontées mécaniques, de canons à neige et de retenues collinaires pour maintenir le tourisme « tout ski ».


Article complet sur Reporterre.net



30 juin 2025

Les pauvres au chaud, les riches au frais

Comment les températures de nos villes mettent en évidence les inégalités entre les Belges



Infographies rtbf



19 juin 2025

Climat : trois ans pour éviter un réchauffement inéluctable de 1,5 ºC

Sans baisse rapide des émissions, le budget carbone pour limiter le réchauffement à 1,5 ºC sera épuisé d’ici trois ans, alertent des scientifiques. Le climat se dérègle plus vite que prévu.




Si les émissions mondiales de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme annuel, le monde aura épuisé dans trois ans le « budget CO2 » qui lui permettrait de limiter la hausse de la température à 1,5 ºC. Telle est la conclusion de la dernière mise à jour des « indicateurs du changement climatique » publiée dans la revue Earth System Science Data. L’objectif fixé par l’accord mondial de Paris sur le climat sera dépassé aux alentours de 2030. Quant au budget carbone lié à une hausse de 1,6 ºC ou 1,7 ºC, il pourrait être franchi d’ici neuf ans. Et en 2050, les 2 ºC appartiendront au passé. Les émissions humaines de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi élevées.

Une soixantaine de scientifiques, dont un chercheur de la VUB, ont ainsi actualisé les dix principaux indicateurs climatiques utilisés par le Giec dans ses dernières publications en 2021. En 2024, indiquent-ils, la meilleure estimation de l’augmentation observée de la température de surface mondiale était de 1,52 ºC (1,9 sur terre, 1,02 dans les océans), dont 1,36 ºC est attribuable à l’activité humaine. « Dangereusement banal », qualifient-ils. Et même s’il faut plusieurs années de dépassement de l’objectif de Paris pour considérer qu’il appartient définitivement au passé, la tendance va clairement dans la mauvaise direction. La tendance de la dernière décennie (2015-2024) indique un réchauffement mondial moyen de 1,24 ºC au-dessus de l’ère préindustrielle. Cette décennie a été 0,31 ºC plus chaude que la décennie précédente (de 2005 à 2014).

« Nos résultats réaffirment à quel point et à quelle vitesse les émissions évoluent dans la mauvaise direction », soulignent les scientifiques. Les impacts ne cesseront de s’aggraver que lorsque la neutralité carbone sera atteinte. 


Article complet sur lesoir.be ou ici


18 juin 2025

Nous ne sommes pas prêts à affronter le manque d’eau

Emma Haziza, hydrologue : « Nous ne sommes pas prêts à affronter le manque d’eau »




Le problème est grave sur le pourtour méditerranéen – Espagne, Italie – mais c’est vrai que ces pays sont habitués à vivre des sécheresses récurrentes. La France ou la Belgique sont des pays tempérés et plutôt riches en eau. Nous n’avons jamais manqué d’eau ou à de très rares périodes. Or on voit que nous sommes également en train de basculer et le problème, c’est la vitesse à laquelle s’effectue cette bascule. La France se réchauffe 20 % plus vite que la moyenne mondiale. C’est la même chose pour la Belgique qui découvre des sécheresses inédites à l’image de celle de 2022. On voit à quel point nous sommes particulièrement touchés dans l’hémisphère nord par ces situations anticycloniques récurrentes et à quel point nous sommes vulnérables.


Non. Ni nos industries, ni nos systèmes agricoles. Depuis le début des années 2000, que ce soit en Belgique ou en France, on assiste à une augmentation continuelle des températures. On voit à quel point ce réchauffement accélère le cycle de l’eau. Lors de ces vagues de chaleur de plus en plus récurrentes, l’eau contenue dans les sols va s’évaporer beaucoup plus rapidement. La végétation n’est pas prête, l’agriculture non plus. Un des plus grands défis sera de faire comprendre au monde industriel sa dépendance à l’eau et cette rareté qui se profile. Nos économies connaîtront des restrictions. Il faudra choisir entre différents usages.


Article complet sur lesoir.be ou ici


24 mai 2025

La vulnérabilité de la Wallonie face aux effets du changement climatique

Le réchauffement planétaire aura des impacts de plus en plus marqués dans notre pays. Des chercheurs se sont penchés sur les perspectives en Wallonie. Déjà, dans un monde à 2 ºC, très probable, la facture s’élèverait à près de deux milliards par an.




Le changement climatique a des impacts avérés chez nous. Et il y en aura de plus en plus, puisque l’augmentation de la température mondiale va se poursuivre. Quels seront les impacts réels dans les différents secteurs de la société ? Jusqu’à quel point sommes-nous vulnérables ? Que faire pour se préparer ? Au vu des effets déjà sensibles, tous les pays accélèrent les travaux sur ces questions.


La Wallonie n’échappe pas à la règle. Le gouvernement précédent a mobilisé une série de consultants et d’académiques qui dessinent un tableau un brin préoccupant. Les chercheurs ont exploré large, se penchant sur les risques d’inondation, de vagues de chaleur, en particulier en ville, les incendies, l’impact sur les rivières et les sols, sur la biodiversité, sur la santé, les forêts, les logements, les infrastructures, l’économie, la pollution et l’agriculture, sans oublier les vulnérabilités sociales.


A quel point la Wallonie est-elle exposée ? La démarche se base sur trois scénarios de réchauffement de + 2, + 3 et + 4 ºC par rapport à 1850 (voir par ailleurs). Avec quelles conséquences ? Les scientifiques ont livré leurs conclusions, ce mercredi à Namur. Au terme de 20 mois de travail, ils établissent un diagnostic (encore incomplet) à partir de 40 indicateurs et livrent 700 cartes de vulnérabilités. Le portrait qu’ils dressent est celui d’une région plus exposée qu’elle ne le soupçonne, avec quelques surprises – pas très bonnes, il faut le dire. La Wallonie a tout intérêt à ce que le réchauffement soit contenu. Et dans le même temps serait bien inspirée de se préparer aux impacts inévitables, indique Manu Harchies, expert à l’Icedd (Institut de conseil et d’études en développement durable), coordinateur de l’étude. « Enfin, on dispose de cartes permettant de superposer les vulnérabilités », décode un proche du dossier. « Ça va bousculer les autorités locales. Elles connaissent généralement les risques chez elles ; pas toujours chez le voisin. Depuis les inondations dans la vallée de la Vesdre en 2021, tout le monde s’est mis la tête dans le sable.


Article complet sur lesoir.be ou ici


01 mai 2025

Black-out dans la péninsule ibérique (Par Michel De Muelenaere)

Les sociétés occidentales sont massivement « électro-dépendantes ». Elles ne le savent pas. Jusqu’au jour ou le jus vient à manquer. Une piqûre pour inciter à lever le pied ?



La vie, c’est aussi simple qu’un interrupteur que l’on actionne… Lundi, sur le coup de 12h33 tapantes, les Espagnols et les Portugais ont appris à leurs dépens que derrière les choses simples se cachent bien souvent des réalités très compliquées et finalement plus fragiles qu’on le pense. Depuis mardi, ils n’ignorent plus que si elle nous tourne le dos, la fée électricité régissant nos vies peut transformer notre existence en cauchemar.

Mais les électrons habitent d’innombrables pans de notre quotidien. Les télécommunications mobiles peuvent par exemple « tenir » quelques heures, grâce à des batteries de secours, mais elles finissent par flancher. Idem pour les très gourmands centres de données. Plus grave : la distribution de l’eau dépend de pompes alimentées par l’électricité. Là aussi, un peu de répit est possible, mais un black-out d’une certaine durée finit immanquablement par priver la population d’eau de distribution et d’eau sanitaire. C’est ce qui est arrivé lors du black-out dans certains quartiers de Madrid. Les unités de dessalement ont également besoin d’électricité. En Andalousie, l’une d’entre elles qui alimente des cités, est restée en rade, privant d’eau plusieurs dizaines de milliers de personnes.

« Notre dépendance à l’électricité est un vrai sujet dont on ne parle pas ou en tout cas pas directement chez nous », analyse Benjamin Wilkin, directeur d’Energie commune, une ASBL qui promeut les énergies renouvelables. « Cette question n’a pas de place dans la société. Encore moins aujourd’hui qu’hier ». Parce que, selon lui, « réduire notre électro-dépendance nécessite de minimiser notre énergie-dépendance. C’est-à-dire avoir des systèmes plus efficaces et être plus sobres. Dire cela, c’est être politiquement incorrect. Donc, on se voile un peu la face sans avouer que si on veut être moins dépendants il faut diminuer notre consommation ». Ou opter pour des solutions « low tech », moins sophistiquées, nécessitant peu ou pas d’électricité.


Article complet sur lesoir.be ou ici