Sans baisse rapide des émissions, le budget carbone pour limiter le réchauffement à 1,5 ºC sera épuisé d’ici trois ans, alertent des scientifiques. Le climat se dérègle plus vite que prévu.
Si les émissions mondiales de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme annuel, le monde aura épuisé dans trois ans le « budget CO2 » qui lui permettrait de limiter la hausse de la température à 1,5 ºC. Telle est la conclusion de la dernière mise à jour des « indicateurs du changement climatique » publiée dans la revue Earth System Science Data. L’objectif fixé par l’accord mondial de Paris sur le climat sera dépassé aux alentours de 2030. Quant au budget carbone lié à une hausse de 1,6 ºC ou 1,7 ºC, il pourrait être franchi d’ici neuf ans. Et en 2050, les 2 ºC appartiendront au passé. Les émissions humaines de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi élevées.
Une soixantaine de scientifiques, dont un chercheur de la VUB, ont ainsi actualisé les dix principaux indicateurs climatiques utilisés par le Giec dans ses dernières publications en 2021. En 2024, indiquent-ils, la meilleure estimation de l’augmentation observée de la température de surface mondiale était de 1,52 ºC (1,9 sur terre, 1,02 dans les océans), dont 1,36 ºC est attribuable à l’activité humaine. « Dangereusement banal », qualifient-ils. Et même s’il faut plusieurs années de dépassement de l’objectif de Paris pour considérer qu’il appartient définitivement au passé, la tendance va clairement dans la mauvaise direction. La tendance de la dernière décennie (2015-2024) indique un réchauffement mondial moyen de 1,24 ºC au-dessus de l’ère préindustrielle. Cette décennie a été 0,31 ºC plus chaude que la décennie précédente (de 2005 à 2014).
« Nos résultats réaffirment à quel point et à quelle vitesse les émissions évoluent dans la mauvaise direction », soulignent les scientifiques. Les impacts ne cesseront de s’aggraver que lorsque la neutralité carbone sera atteinte.