14 octobre 2025

Points de bascule climatiques

L’humanité a trop déstabilisé le climat, au point de l’avoir rapproché de « points de bascule » au potentiel cataclysmique, alertent 160 scientifiques dans un nouveau rapport.


Le monde vient d’entrer « dans une nouvelle réalité ». Celle où de nombreuses composantes du système climatique menacent de basculer à tout moment vers un nouvel état qui ferait encourir « des risques catastrophiques à des milliards de personnes ». Telle est l’alerte solennelle lancée par 160 scientifiques de 23 pays, dans le rapport Global Tipping Points, publié le 13 octobre et coordonné par Timothy Lenton, professeur à l’université d’Exeter en Angleterre.

Ces chercheurs figurent parmi les plus grands spécialistes au monde dans l’étude de ce que l’on appelle les points de bascule climatiques. Le terme désigne le seuil critique au-delà duquel un élément clé du climat terrestre (calottes polaires, courants océaniques, forêts tropicales, etc.) peut basculer dans un nouvel état, de manière souvent irréversible.

Le système peut relativement bien résister à un certain degré de déstabilisation (le réchauffement global, la déforestation, etc.), jusqu’à ce qu’un petit changement de trop le fasse basculer. Le point de bascule est en quelque sorte la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Or, le seuil de 1,5 °C de réchauffement planétaire pourrait bien s’avérer être cette goutte de trop. Nous avons pour la première fois franchi cette température fatidique sur l’année 2024, de manière temporaire. Et nous devrions, selon toute probabilité, la franchir définitivement d’ici quelques années, alertent les chercheurs. Avec le risque d’effets en cascade à travers la planète. Nous entrons ainsi dans l’ère des points de bascule.


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21 août 2025

01 août 2025

Et si on arrêtait le tourisme ?

Le tourisme épuise le monde, on le sait. Sa critique radicale reste compliquée, tant il imprègne nos imaginaires depuis 1936. Aujourd’hui, certains s’en détournent et réinterrogent la notion de temps libre.




L’été, les congés payés, le départ en avion ou en voiture, les journées qui s’étirent les doigts de pied enfouis dans le sable chaud d’une plage indonésienne ou aquitaine ou engoncés dans des chaussures de randonnée pour un trek dans les grands parcs américains… Vision de rêve ou fantasme éculé et désormais repoussoir ? Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent de plus en plus nombreuses contre les dégâts environnementaux et sociaux du tourisme de masse. Reste à savoir si l’image d’Épinal du départ en vacances, pour une destination lointaine de préférence, peut évoluer.

Mais avoir du temps libre ne suffit pas pour déclencher des envies de départ. Cette aspiration a été favorisée par plusieurs facteurs, dont l’effet d’imitation des classes sociales supérieures mis en évidence par l’économiste et sociologue américain Thorstein Veblen. Le sociologue Pierre Périer, qui s’est intéressé aux vacances des classes populaires, en évoque un autre : « L’État et les organisations syndicales ont eu le souci d’encadrer ce temps pour que les ouvriers ne cèdent pas à l’oisiveté et au vice. Des organisations ont été mises en place, telles que les patronages, avec des séjours visant à favoriser l’intégration et la socialisation des familles. » En parallèle, les Trente Glorieuses (1945-1975) ont été marquées par l’élévation du niveau de vie, qui a favorisé les départs y compris pour les plus modestes, et la montée en puissance de l’industrie touristique avec le soutien de l’État – création du Club Méditerranée en 1950, mission Racine d’aménagement du littoral languedocien de 1963 à 1983, plans neige de 1964 à 1977, etc. Et tant pis si chaque année près de la moitié des Français ne partent pas en vacances, dont les deux tiers pour des raisons économiques : « Tout cela a imposé le départ comme une norme sociale très puissante », observe le chercheur.

Sauf que ce modèle du tourisme de masse craque de partout. En 2019, 1,5 milliard de touristes ont parcouru le monde, contre 25 millions en 1950. Le bilan écologique de cet essor est catastrophique. Le tourisme représentait 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2013 – quatre fois plus que les estimations précédentes. En 2018, plus de la moitié des touristes internationaux qui ont franchi une frontière l’ont fait en avion. Le tourisme favorise aussi l’artificialisation des sols, la spéculation immobilière, la gentrification, la surconsommation d’eau et la pollution. Ceci, partout dans le monde, de l’île de Bocaray aux Philippines fermée six mois en 2018 pour venir à bout des conséquences désastreuses de la surfréquentation touristique, aux littoraux français envahis de résidences secondaires et aux dunes dévastées par les touristes. 52 % des détritus polluants la Méditerranée proviendraient du tourisme balnéaire des seuls États membres de l’Union européenne. Les montagnes n’échappent pas au carnage, couvertes de remontées mécaniques, de canons à neige et de retenues collinaires pour maintenir le tourisme « tout ski ».


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30 juin 2025

Les pauvres au chaud, les riches au frais

Comment les températures de nos villes mettent en évidence les inégalités entre les Belges



Infographies rtbf



19 juin 2025

Climat : trois ans pour éviter un réchauffement inéluctable de 1,5 ºC

Sans baisse rapide des émissions, le budget carbone pour limiter le réchauffement à 1,5 ºC sera épuisé d’ici trois ans, alertent des scientifiques. Le climat se dérègle plus vite que prévu.




Si les émissions mondiales de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme annuel, le monde aura épuisé dans trois ans le « budget CO2 » qui lui permettrait de limiter la hausse de la température à 1,5 ºC. Telle est la conclusion de la dernière mise à jour des « indicateurs du changement climatique » publiée dans la revue Earth System Science Data. L’objectif fixé par l’accord mondial de Paris sur le climat sera dépassé aux alentours de 2030. Quant au budget carbone lié à une hausse de 1,6 ºC ou 1,7 ºC, il pourrait être franchi d’ici neuf ans. Et en 2050, les 2 ºC appartiendront au passé. Les émissions humaines de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi élevées.

Une soixantaine de scientifiques, dont un chercheur de la VUB, ont ainsi actualisé les dix principaux indicateurs climatiques utilisés par le Giec dans ses dernières publications en 2021. En 2024, indiquent-ils, la meilleure estimation de l’augmentation observée de la température de surface mondiale était de 1,52 ºC (1,9 sur terre, 1,02 dans les océans), dont 1,36 ºC est attribuable à l’activité humaine. « Dangereusement banal », qualifient-ils. Et même s’il faut plusieurs années de dépassement de l’objectif de Paris pour considérer qu’il appartient définitivement au passé, la tendance va clairement dans la mauvaise direction. La tendance de la dernière décennie (2015-2024) indique un réchauffement mondial moyen de 1,24 ºC au-dessus de l’ère préindustrielle. Cette décennie a été 0,31 ºC plus chaude que la décennie précédente (de 2005 à 2014).

« Nos résultats réaffirment à quel point et à quelle vitesse les émissions évoluent dans la mauvaise direction », soulignent les scientifiques. Les impacts ne cesseront de s’aggraver que lorsque la neutralité carbone sera atteinte. 


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18 juin 2025

Nous ne sommes pas prêts à affronter le manque d’eau

Emma Haziza, hydrologue : « Nous ne sommes pas prêts à affronter le manque d’eau »




Le problème est grave sur le pourtour méditerranéen – Espagne, Italie – mais c’est vrai que ces pays sont habitués à vivre des sécheresses récurrentes. La France ou la Belgique sont des pays tempérés et plutôt riches en eau. Nous n’avons jamais manqué d’eau ou à de très rares périodes. Or on voit que nous sommes également en train de basculer et le problème, c’est la vitesse à laquelle s’effectue cette bascule. La France se réchauffe 20 % plus vite que la moyenne mondiale. C’est la même chose pour la Belgique qui découvre des sécheresses inédites à l’image de celle de 2022. On voit à quel point nous sommes particulièrement touchés dans l’hémisphère nord par ces situations anticycloniques récurrentes et à quel point nous sommes vulnérables.


Non. Ni nos industries, ni nos systèmes agricoles. Depuis le début des années 2000, que ce soit en Belgique ou en France, on assiste à une augmentation continuelle des températures. On voit à quel point ce réchauffement accélère le cycle de l’eau. Lors de ces vagues de chaleur de plus en plus récurrentes, l’eau contenue dans les sols va s’évaporer beaucoup plus rapidement. La végétation n’est pas prête, l’agriculture non plus. Un des plus grands défis sera de faire comprendre au monde industriel sa dépendance à l’eau et cette rareté qui se profile. Nos économies connaîtront des restrictions. Il faudra choisir entre différents usages.


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